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Jean Scohy et Villette-sur-Ain

Jean Scohy, peintre lyonnais, s’est établi à Villette-sur-Ain mais il n’a jamais cessé de revendiquer sa double appartenance à la fois lyonnaise et villettoise. Il s’est d’ailleurs engagé dans la politique locale à la fois à Lyon où il était délégué de l’arrondissement de la Guillotière et à Villette où il a occupé la fonction de Conseiller cantonal et de maire de Villette.


 

La rencontre de Jean Scohy avec Villette

 

Mais pour comprendre l’implantation de la famille Rey à Villette, il faut remonter à la Révolution et aux péripéties de François Monnier qui a été curé de la paroisse de Villette de 1781 jusqu’à sa mort en 1838. Il repose dans le cimetière de Villette.


 

Les péripéties du curé de Villette François Monnier (1753-1838)

 

François Monnier avait été un curé très apprécié par les Villettois. Il appartenait, comme parfois au XVIIIe siècle, à une génération de prêtres cultivés. Selon les Villettois : « il avait même fait des études à la Sorbonne ».

Comme beaucoup de prêtres, il a été surpris par le caractère anticlérical de la constitution civile du clergé qu’il refuse de signer en 1793. Il est donc devenu réfractaire et a été chassé de Villette pour, officiellement, rejoindre la Haute-Loire mais la tradition orale dit qu’il serait resté dans la clandestinité en continuant à dire des messes tout en se cachant à Gravagneux ??).

 Le presbytère formait une partie de l’aile Nord du prieuré de Villette. (cf photo ci-contre)

 

Pendant la Révolution, le prieuré qui s’étendait au nord et au sud de l’église a été déclaré « Bien communal », ce qui a permis, au sud, d’agrandir l’église tandis que la partie nord a été rachetée par Louis Rey, neveu du curé permettant ainsi à son oncle de revenir prendre sa charge qu’il a assuré jusqu’à sa mort en 1838. 

Louis Rey et son fils Joseph étaient apparentés à la mère de Jean Scohy, Catherine Tabardet et ils ont volontiers accueilli leur cousin à Villette (voir généalogie)

Les escapades villettoises du paysagiste lyonnais

La rencontre du peintre avec sa cousine, à Douvres, coïncide avec l’engouement des peintres lyonnais pour la campagne voisine dans laquelle ils vont volontiers planter leur chevalet. Cette envie de sortir de leur atelier est facilitée par la construction des lignes de chemin de fer. (voir vie du peintre)

Ces peintres tombent sous le charme du Bugey qui abonde en beautés pittoresques comparables aux paysages italiens que les maîtres lyonnais étaient allés rechercher… Ils ont une prédilection pour l’eau avec ses reflets que ce soit dans les étangs de la Dombes ou le long de la rivière d’Ain entourée par ces brotteaux mystérieux aux couleurs changeantes. 

Selon Georges Chabot, « Le site l’enchanta. Et, dès lors, c’est là qu’il revient avec prédilection, il y passa tous ses étés. Aux week-end, il prenait le train pour Leyment et faisait allégrement, à pied, jusqu’à sa mort, à 74 ans, les 7 kilomètres, depuis cette gare, jusqu’à Villette ».

 

Après son mariage en 1866, Jean Scohy séjourne de plus en plus souvent chez sa cousine Rey où il installe son atelier où il peint, en 1869, un de ses plus charmants tableaux montrant sa femme et sa fille devant le chevet de l’église





 

 

L’implantation à Villette

Le peintre s’installe à Villette de plus en plus souvent où il achète une maison à Sur-Côte profitant du début de l’exode rural et de l’abandon de certaines fermes. En effet, l’attrait des manufactures de Lyon ou de Jujurieux se faisait sentir auprès des agriculteurs qui devenaient trop nombreux sur une même exploitation.

 

 « Il ne se lassait pas d’admirer le vaste panorama que l’on découvre depuis la Côtière . Il acheta en 1868 une vieille ferme au sommet de la colline de Sur-Côte, la fit aménager, la flanqua d’un atelier largement éclairé ».



 

« La Côtière lui apparaissait une terre heureuse ; il l’aimait et la figurait telle qu’il l’aimait, sans sacrifier aux écoles nouvelles »

 

 

Il s’est particulièrement attaché à la vallée de l’Ain et aux brotteaux.

Les brotteaux, lieux de pâturages communs, étaient un lieu de vie que le peintre aimait croquer.

 

La peinture de scènes de la vie quotidienne dans les brotteaux suggère l’intensité de l’occupation de ces lieux et une vie du village beaucoup plus tournée au quotidien vers la rivière que maintenant alors qu’autrefois les troupeaux pâturaient entre lônes (bras morts de la rivière) et vorgines. La rivière qui pouvait être traversée facilement par les animaux, était là pour abreuver les troupeaux, faire la lessive etc…A l’époque, la navigation sur l’Ain était réglementée mais Jean Scohy possédait sa barque dont le caractère omniprésent sur ses toiles témoigne de l’importance à ses yeux que revêt cette autorisation exceptionnelle. 



 

Fig. Les bords de l’Ain, charmants tableaux champêtres décrivant la vie quotidienne des Villettois. L 'artiste peint fréquemment en plein air, brossant rapidement sur sa toile les paysages des bords de l’Ain femme en blanc cousant

 

 

Il peint également des scènes champêtres et des scènes de la vie quotidienne

 

« Son réalisme consistait à peindre ses amis, paysans, tels qu’ils lui plaisaient et tels sans doute qu’ils souhaitaient laisser le souvenir d’eux-mêmes : il les prenait en blouse et en sabots, devisant « avant de rentrer leurs bêtes », ou partant « en champs », il silhouhaitait le garçon boulanger qui livrait le pain ou contant fleurette à la fermière. Il ne cherchait pas le moment où le travail est une souffrance, les crispations douloureuses, les tares ».

 

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Jean Scohy rattrapé par la politique

 

Jean Scohy s’investit dans la vie municipale et devient maire de la commune de 1870 à 1874 et conseiller du canton, mais il continue à résider à Lyon une partie de l’année où il devient conseiller d’arrondissement du quartier de La Guillotière.

 

Cette mandature a été caractérisée par des temps troublés lors de la naissance de la République. A Paris, Thiers avec l’aide de Mac-Mahon, a mis fin, de manière brutale en mai 1871, à l’insurrection de la Commune au lendemain de la défaite de l’Empire. Mac-Mahon proclame : « Paris est délivré. L'ordre, le travail et la sécurité vont renaître » .La Maréchal Mac-Mahon est élu Président de la République en juin 1873 ; il entend faire respecter l’ordre moral en limitant les libertés individuelles particulièrement à Lyon où s’étaient réfugié de nombreux communards. Jean Scohy, sûrement favorable à la République, a été victime de cette répression qui avait pour ambition de restaurer la monarchie.

 

Les billets reçus par le peintre pour annoncer sa destitution témoignent de la fébrilité qui régnait dans le village que ce soit à travers un billet informel ou l’avis officiel.

 

Avis par le village. destituiton

Le peintre après sa destitution a continué à sièger au Conseil Municipal où il a joué le rôle de troublion. Il a même, en 1878, voulu faire annuler les élections car il pensait que les habitants du village avaient voulu évincer es habitants du plateau. Cette opposition est ancienne puisqu’avant la Révolution, Villette était divisée en deux communes, Villette de Richement qui regroupait les hameaux du plateau de Villette de Loyes dont les habitants étaient surtout concentrés dans le village.

 

 

convocation

 

L’ancrage du peintre à Villette a été consolidé lorsque sa fille Marthe a épousé, en 1886, le fils de l’instituteur, Charles Chabot. Celui-ci, ancien élève de l’Ecole normale Supérieure, a embrassé une belle carrière universitaire puisqu’il est devenu doyen de la faculté de Lyon tout en restant attaché à Villette où il a rédigé un émouvant discours pour l’inauguration du monument aux morts en 1921.

« Une partie de chasse à Douvres fut l’occasion d’une visite à une vieille cousine Françoise Rey »

La cousine Françoise Rey.HEIC
Vue de Villette sur Ain
Ancien prieuré de Villette sur Ain
devant la maison_edited.png
maison chabot_edited.png

« A Villette, chaque matin, Jean Scohy partait en course chaussé de ses gros sabots bressans, il emportait avec lui son fusil de chasse ou sa canne à pêche mais le plus souvent c’était son chevalet, son pliant de cuir et sa boîte de peinture ».

C’est à Villette que Jean Scohy a peint une grande partie de ses paysages (cf galerie, tableaux, paysages)"

« Il aimait s’y trouver le soir à l’heure où le troupeau communal qui avait pâturé sur l’autre rive traversait la rivière à la nage et où chaque paysan venait rassembler ses bêtes »

au bord de l'ain_edited.png
Femme cousant au bord de l''AIN

« En 1870, au moment critique où chacun en France, cherchait autour de qui se rallier, où les gens de la Côtière enfouissaient leurs meilleurs tonneaux pour les soustraire aux Prussiens, le Conseil Municipal de Villette, pressa Jean Scohy d’occuper la mairie. Il ceignit pour trois ans l’écharpe tricolore et montra qu’un artiste sait être à l’occasion, un habile administrateur

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